Maintenant il faut assumer la partie humanitaire de ce dossier.

Il y a beaucoup de monde qui commence à s’intéresser à ce qui se passe aux buttes Chaumont au niveau du 36 rue Botzaris. C’est bien. L’information est parfois un peu déformée mais on compte sur les méticuleux de la première heure (je pense à Fabien Abitbol évidemment, ou à emmanuel ou encore à vincent pfrunner ) pour remettre tout d’équerre au fur et à mesure.

Je leur suggère d’ailleurs d’intervenir en premier lieu à la Maire du 19e arrondissement de Paris où siège Roger Madec (le maire et accessoirement sénateur). A la lecture de son communiqué de presse du 21 juin 2011 je me dis qu’il a effectivement besoin d’un sacré cours de rattrapage.

Si on en croit not’ bon maire l’expulsion des occupant de #botzaris36 aurait eu lieu le 8 juin 2011. Cela ferait donc 14 jours que les tunisiens dont certains mineurs, faut-il le rappeler, dormiraient à la belle étoile… sous la pluie, dans le froid, dans une situation matérielle et sanitaire plus que précaire.

Je m’en vais rassurer not’ bon sénateur : l’expulsion à eu lieu le 16 et cela ne fait donc « que » 6 jours qu’il est « certain que ce traitement sur le territoire français de migrants ayant fui leur pays suite à la révolution n’est pas acceptable. »

Et d’en déduire par la même que Monsieur Madec n’a mis « que » 6 jours pour réfléchir et juger utile de se fendre d’un communiqué. Qu’il se rassure donc ! Il est plus performant qu’il ne le pense.

Mais surtout il ne faudrait pas qu’il pense qu’ayant gagné 8 jours d’un coup d’un seul cela lui donne tout le temps de trouver une solution. Non! la situation est urgente.

Il n’y a plus une minute à perdre. Certes la mairie ne peux pas prendre à sa charge toute la misère du monde. Mais cette misère dont nous parlons a des raisons politiques. Un petit rappel chronologique des faits pour éclairer la lanterne de not’ bon sénateur-maire.

D’abord il y a eu une expulsion à la demande de l’ambassade le 7 juin (pas si loin du 8 juin annoncé dans le communiqué!) mais le soir même les réfugiés réintégraient leur locaux.

Le 14 juin, deux associations, Sherpa et Transparence International déposent plainte.

Le 15 juin des archives du RCD entreposées au 36 rue Botzaris ont disparues (environ un tiers),déplacées vers un endroit tenu secret.

Le 16 juin à la première heure les réfugiés sont expulsés du 36 rue de Botzaris.

Le 17 juin, la justice française ouvre une information judiciaire contre X pour « blanchiment en bande organisée » visant Zine el-Abidine Ben Ali et Hosni Moubarak, à la suite de la plainte du 14.

Le 17 juin également l’ambassade de Tunisie a annexé le bâtiment, coupant ainsi la voie à toute mesure d’instruction judiciaire française.

A cet enchaînement troublant d’événements ajoutons la présence à Paris de Monsieur Habib Essid ministre de l’Intérieur tunisien le 15 juin la veille de l’expulsion des réfugiés. Il ne semble pas que cette visite ait été planifiée de longue date. De là à supposer que son principal objet était le traitement de la crise de la rue Botzaris, il n’y a qu’un pas.

Il n’est pas nécessaire d’être très futé pour faire l’hypothèse que la mise à la rue des réfugiés occupant le 36 rue botzaris participe d’une stratégie destinée à soustraire à la justice française (et probablement tunisienne) les archives du RCD français.

Sachant le fond de l’histoire il est encore plus outrant de savoir ces jeune gens à la rue. Les pouvoirs publics ne sont pas parvenus (ou n’ont pas cherché) à conserver à la justice un accès aux archives françaises du RCD tunisien. Dont acte. Maintenant il faut assumer la partie humanitaire de ce dossier.

Les politiques, qu’ils soient maires, conseillés municipaux, députés, ministres, sénateur, voire président de la République, ou simple candidat ne peuvent pas se soustraire de leur responsabilité. C’est tout un système qui a failli. Et c’est tout un système que le citoyen de base comme moi est en droit de soupçonner. Dont acte. Maintenant il faut assumer la partie humanitaire de ce dossier.

Je me répète mais c’est parce que c’est le message que je veux faire passer. Maintenant il faut assumer la partie humanitaire de ce dossier.

Communiqué de presse de Roger Madec 21-06-2011 en PDF

 

initialement publié dans politiko.fr

  1. Madec s’était déjà illustré en revendiquant (avec Delanoë, voir les textes Tunisiens à ce sujet : http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=5621) l’expulsion du 51 avenue Simon Bolivar (voir ‘La question Tunisienne’ http://escalbibli.blogspot.com/2011/05/la-question-tunisienne.html).

    Il n’est pas évident pour autant qu’une approche purement humanitaire constitue une réponse suffisante. Les Tunisiens qui se sont mobilisés collectivement revendiquent des papiers pour tous, la liberté et un lieu pour s’organiser (voir une chronologie http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=5667).

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